Jean-Baptiste Cousin

Jean-Baptiste est le co-fondateur de SMASH Group et DAF de formation. Il a accompagné des dizaines de PME et Startups en tant que DAF à temps partagé à structurer et piloter leur fonction Finance.

 

Alors que les chiffres du financement des entreprises ces deux dernières années font état de la résilience des entreprises (Source : Fédération Bancaire Française), la question de la trésorerie est un indicateur particulièrement scruté. Un indicateur qui jusqu’ici, est longtemps passé au second plan dans le champ d’action d’un DAF. Désormais, dans un contexte économique qui se crispe et où les incertitudes planent, rares sont les entreprises qui choisissent de faire l’impasse sur le sujet. Se pose alors la question des outils disponibles pour générer simplement du rendement sur sa trésorerie. Tour d’horizon !

Les fondamentaux du placement de trésorerie

Décider de placer sa trésorerie dépend de l’usage que l’on souhaite en faire. Si le but est de toucher  des produits financiers, le placement peut être effectué sur du moyen terme. A l’inverse, faire le choix d’une épargne de précaution permet de conserver l’argent disponible.

Une bonne stratégie de placement doit remplir trois conditions clés :

  1. Éviter le risque, qu’il soit de crédit, de contrepartie ou de taux. On évitera donc les produits spéculatifs et les actifs volatils.
  2. Maintenir une liquidité élevée afin de faire face aux imprévus, saisir des opportunités d’investissement, etc.
  3. Générer un rendement positif continu : il convient d’être vigilant quant aux frais associés et aux échéances de versement des intérêts (chaque trimestre ? chaque mois ? chaque jour ?).

Quand devient-il indispensable de faire travailler sa trésorerie ?

Rien n’empêche toute entreprise qui dispose de liquidités de les faire travailler, mais certaines situations peuvent rendre le sujet pressant.

Le cas de la levée de fonds

Prenons le cas d’une startup ayant procédé à une augmentation de capital pour 10 M€. Elle a par ailleurs complété sa levée par un prêt (non dilutif) de 2 M€. L’entreprise se retrouve soudainement avec 12 M€ sur son compte courant. Placés à 2% pendant un an, cette somme représente 240 000€ d’intérêts. Ne pas procéder à un placement entraîne un coût d’opportunité équivalent, que ce soit en termes d’investissements, de recrutements ou d’autres opportunités manquées.

Les entreprises à BFR négatif

Certaines entreprises ont la chance de fonctionner avec un besoin en fonds de roulement négatif, c’est-à-dire qu’elles encaissent l’argent de leurs clients avant de devoir payer leurs fournisseurs et charges courantes, générant en permanence de la trésorerie. Certains secteurs se retrouvent naturellement dans ce cas de figure :

  • Les SaaS qui facturent les abonnements en avance,
  • Les e-commerces, qui encaissent leurs clients avant de payer leurs fournisseurs,
  • Les supermarchés, qui encaissent chaque jour et paient les fournisseurs bien plus tard.

Ne pas placer une trésorerie structurellement excédentaire revient à renoncer à de la performance additionnelle.

Les secteurs à forte saisonnalité

Certaines entreprises encaissent en quelques semaines ou quelques mois la majeure partie de leur trésorerie. Le surplus n’est pas immédiatement utilisé et dort souvent sur un compte courant à 0%. C’est le cas de sociétés dans le tourisme, le retail (avec les fêtes de Noël) ou encore dans l’événementiel (le tournoi de Roland Garros génère 340 M€ de CA pour un événement qui dure 15 jours chaque année).

Quelles sont les meilleures solutions pour placer sa trésorerie ?

Les offres disponibles sur le marché sont assez larges et avant de s’intéresser au sujet, il convient de bien les avoir à l’esprit. Elles peuvent néanmoins être regroupées en trois catégories : les comptes courants rémunérés, les comptes à terme et les fonds monétaires.

Les comptes courant rémunérés

Ce sont des offres qui ont vu le jour principalement à l’initiative des néo-banques.

  • Avantage : c’est simple ! L’argent du compte courant est rémunéré, généralement une fois par mois.
  • Inconvénients : très peu de banques en proposent. Les offres sont rarement aussi simples et attractives qu’elles n’y paraissent. En étant attentif aux conditions, on découvre souvent que le rendement affiché est valable pour les premiers mois, avant de baisser. Par ailleurs, pour bénéficier de l’offre, il vous faut changer de banque (ou accepter de les multiplier).

Les comptes à terme

Les comptes à terme sont des dépôts bancaires pour lesquels un taux garanti est proposé en échange du blocage des sommes pour une durée déterminée.

  • Avantage : le rendement est connu à l’avance.
  • Inconvénients : les sommes sont bloquées, alors que la liquidité est clé dans une bonne stratégie de placement de trésorerie.

Les fonds monétaires

Les fonds monétaires sont des instruments financiers composés de dettes d’Etat et/ou d’entreprises court terme. Sur le papier, ils sont la solution idéale. L’AMF évoque à leur sujet “un outil de gestion de la liquidité excédentaire, avec un degré élevé de liquidité, de diversification et de stabilité de la valeur du capital investi, tout en fournissant un rendement.”

  • Avantages : triple bénéfice de la sécurité, du rendement et de la liquidité
  • Inconvénients : si les fonds monétaires sont très répandus aux Etats-Unis, ce n’est pas le cas en Europe et en France en particulier, où ils sont encore peu distribués et trop souvent réservés aux grands groupes ou aux investisseurs institutionnels. Par ailleurs, la plupart de ces fonds manquent de transparence et mélangent des actifs très sûrs comme de la dette souveraine française avec des dettes d’entreprises.

Et la suite ?

Si vous êtes convaincus par l’intérêt du placement de trésorerie, mais que vous ne savez pas par où commencer, sachez que certains acteurs innovent et repoussent les limites des produits historiquement proposés aux entreprises. C’est par exemple le cas de Spiko, une fintech française qui offre les bénéfices des fonds monétaires sans leurs inconvénients (accessibles en quelques clics, transparents et uniquement investis en bons du Trésor français, intérêts versés tous les jours).

Source AMF : Guide sur MMF pour les sociétés de gestion de portefeuille