Entrepreneurs, vous êtes en pleine levée de fonds et vous pestez contre les exigences et process de vos investisseurs potentiels ? Prenez quelques minutes pour découvrir l’autre côté du miroir, décrit par le menu par Jean-Baptiste Cousin.
Dans un premier article, vous avez découvert le quotidien d’un investisseur pendant une levée de fonds. Ce que je vous propose pour les cinq prochaines minutes, c’est de plonger ensemble dans une autre partie du quotidien de l’investisseur, pour comprendre notamment les prérogatives réglementaires et opérationnelles post-closing. Vous trouverez également un certain nombre d’outils pour vous simplifier la vie et améliorer la relation avec vos investisseurs. Go !
Après le closing, le contexte de l’investisseur
Les prérogatives réglementaires ne s’arrêtent bien évidemment pas au moment de la signature d’un deal. Cependant, elles s’allègent quelque peu et changent de nature. Elles portent alors principalement sur des obligations d’évaluation et de communication (reporting). Vous comprendrez en lisant la suite pourquoi votre investisseur vous sollicite autant, mois après mois. Et vous verrez qu’il ne fait pas cela pour vous voir gratter du papier inutilement. Voici les grands temps forts auxquels fait face l’investisseur, concernant les sociétés investies.
Les comités d’évaluation trimestriels
Tout est dans le titre, le but est de valoriser les sociétés à date de fin de trimestre, selon un échantillon de techniques plus ou moins sophistiquées que l’on retrouve notamment dans le guide publié par l’International Private Equity and Venture Capital association.
Les reporting trimestriels
Document synthétique présentant un ensemble d’analyses sur l’état du portefeuille, les grandes métriques du fonds, les nouveaux investissements, la performance, etc…
Ces deux temps forts partagent deux points communs :
- la nécessité d’être au courant de l’actualité des sociétés du portefeuille
- le rôle clé d’un processus de collecte d’informations chiffrées et normées
Le rapport trimestriel
C’est bien sympathique de gérer plusieurs millions d’euros (voire plusieurs milliards pour les plus gros fonds de la place) mais, évidemment, il faut rendre des comptes. Et ce de manière récurrente et normée, aussi bien au régulateur (l’AMF, ça va finir par rentrer, vous allez voir) qu’aux actionnaires du fonds (LPs). Sans rentrer dans les détails, les grandes lignes sont :
- Stratégie d’investissement et carte d’identité du fonds
- Nouveautés depuis le dernier rapport (nouveaux investissements, nouveaux ré-investissements…)
- Analyses détaillées du portefeuille
- Valorisations et performances du fonds
- États financiers du fonds et sa fameuse Valeur Actuelle Nette
La boîte à outils de l’entrepreneur pour se faire bien voir des investisseurs
Voici quelques réflexes faciles à mettre en place, qui vous feront gagner du temps et permettront à vos investisseurs de vous être utiles.
Établissez un reporting commun à tous vos investisseurs
- Construisez un modèle unique de reporting mensuel ou trimestriel et faites-le accepter par tous vos investisseurs (vous verrez, ils ont un peu de latitude)
- Ne succombez pas à toutes leurs demandes
- Proposez un format facilement lisible et exportable (le corps d’un mail, c’est top, avec un minimum de mise en forme tout de même)
- Impliquez vos équipes métiers pour la collecte d’information
- Facilitez un maximum la collecte (un document partagé fera l’affaire)
- Gardez en tête tout de même que le CEO reste maître du reporting
- Bâtissez un plan puis conservez-le pour chaque reporting. Une trame possible :
- Trois à quatre phrases de synthèse avec les infos clés
- Équipe : les recrutements réalisés avec une mini bio + les postes à pourvoir
- Produit : actualisation de la roadmap + bonnes/mauvaises surprises + les avis clients + vos besoins
- Marketing : actualisation de la roadmap + bonnes/mauvaises surprises + actualisation des budgets + vos besoins
- Ventes et développement : actualisation du budget et analyse de l’historique + le plan d’action + votre pipeline
- En quoi vos investisseurs pourraient vous être utiles (mises en relation, candidatures, autres investisseurs…)
- Un petit mot sympathique, ça fait toujours plaisir
- Organisez un investor update tous les trimestres sous forme de conférence téléphonique, pour répondre à leurs questions ou approfondir un point stratégique
- Vos investisseurs sont vos principaux soutiens
- Le plus ils en savent sur votre société, le plus ils seront à même de vous aiguiller vers les bonnes personnes ou de vous apporter des conseils nourris de leur connaissance sectorielle (pour rappel, un investisseur est comme la mémoire vive d’un secteur, il voit toutes les meilleures sociétés passer sur son bureau… ça peut servir)
- Communiquez sur vos opportunités de rachat pour vous éviter certains faux pas qui peuvent, in fine, (vous) coûter cher